01 - MAXIME CHATTAM. IN TENEBRIS

TITRE : IN TENEBRIS

AUTEUR : MAXIME CHATTAM

DATE DE PARUTION 2003

CONTEXTE : SECOND VOLET D'UNE TRILOGIE SUR LE MAL, DONT LE PERSONNAGE RECURRENT EST JOSHUA BROLIN.

 EDITION : POKET

RESUME

Une femme s'échappe et traverse les rues de New York, nue, en partie scalpée et affirme être sortie de l'Enfer. Mais quel est-il ?

Annabelle O'Donnel, flic spécialisée dans les affaires de disparition et Jack Thayer, son supérieur et ami prennent en charge l'affaire. Un simple enlèvement va lever le voile sur une série de disparitions dont l'organisation est parfaitement orchestrée. Les victimes s'accumulent, le motif s'obscurcit.

De son côté, Joshua Brolin, ex flic devenu détective privé enquête sur la disparition d'une jeune femme pour le compte de sa famille. Sa route va croiser celle d'Annabelle et Jack, découvrant alors qu'il ne s'agit en réalité que d'une seule et même enquête.

Leur collaboration va les emmener loin, dans les méandres du sordide et des marchés parallèles. Entre New York et Philipsburg, une descente en Enfer s'amorce; entre secte, cannibalisme dont le gourou Caliban n'est pas celui qu'on pense. Annabelle, Jack et Joshua vont mettre tout en œuvre pour tenter de sauver les 67 disparus de la secte.

 MON BLABLABLA

Avant tout de chose, il faut que je fasse un aveu : c'est la première fois que je lis un Maxime Chattam. C'est un cadeau que l'on m'a fait tout à fait au hasard, parce que le titre et la couverture, puis ensuite le résumé ont été les premières accroches. Une quatrième rouge flamboyante, le mot ténèbres... l'association d'idée s'est faite immédiatement.

Et j'avoue, je n'ai pas l'ombre d'un regret de l'avoir lu. Je l'ai totalement dévoré. Partout où je pouvais lire, même ne serait-ce qu'une ou deux pages, je le faisais : transport, boulot, pause, avant de me coucher. Enfin bref, plus j'avançais dans le livre, plus je me disais « mais pourquoi tu n'as jamais tenté d'en lire avant ? » Enfin bref, j'ai été totalement séduite.

Passons aux divers points.

La première chose auquel mon esprit fait attention, c'est la fluidité de la structure. Plus la structure et l'écriture sont fluides, plus j'apprécie la lecture. Et In Tenebris, pour être fluide, il est très fluide. On se laisse facilement emporter par l'écriture qui se déverse d'elle-même. Et même si les chapitres sont courts, et que l'action et la psychologie s'alternent, le lecteur n'a pas l'impression de subir le livre, il avance avec lui, au même rythme que les personnages.

Il y a un personnage pour lequel j'avais de l'appréhension : Joshua Brolin. Il est le héros du livre (même s'il n'arrive que très tardivement dans cet opus). En effet, n'ayant pas lu L'âme du mal, j'avais un peu peur de ne pas comprendre l'ensemble de sa personnalité. Or ce n'a pas du tout été le cas. Le triptyque (oui il existe un troisième volet Maléfices) se lit dans l'ordre que l'on veut. Bien sûr, il y a une certaine logique dans le déroulement mais dans l'ensemble, nous n'avons pas besoin de lire le premier volet pour comprendre l'ensemble de son caractère, ses tourments, ses doutes, ses sentiments, l'auteur nous rappelant certains faits dans celui-ci.

Une relation très intéressante nait au fur et à mesure entre Annabelle et Joshua. C'est une relation très intense je trouve. Ils se trouvent toujours sur la brèche. C'est n'est pas une histoire d'amour comme on pourrait s'y attendre. Cela y ressemble beaucoup, et on même tenté de se demander si un jour ça n'arrivera pas. Incontestablement, pas dans ce volume. Il existe entre eux une certaine harmonie, une alchimie Cela devient un peu une « amitié-amoureuse ». Beaucoup de respect, de courtoisie, et une confiance qui naît presque tout de suite. Elle est instinctive. Pour eux, cela ne semble pas pouvoir être autrement. Je vais extrapoler un peu mais, on est pas loin de la relation entre Clarisse Starling et Hannibal Lecter dans Le silence des agneaux (le côté tueur cannibale en moins, entre eux).

Vous avez vu l'hiver que nous avons tous passé, pas la peine de vous rappeler les températures négatives, la neige. Pas la peine de vous dire non plus que j'étais à même de comprendre l'ambiance hivernal du livre, son atmosphère pesante. J'étais en plein dedans. J'ai d'ailleurs un peu maudit ma donatrice parce que je ressentais vraiment le froid en lisant. Nous sommes vraiment aspirés dans son monde, son atmosphère. Et le fait que chacun des trois volets ait sa saison n'est pas un hasard. Ici, en hiver, nous sommes au summum du mal.

On peut dire qu'il ménage bien son suspens. Nous avons les informations au compte goutte, juste assez pour titiller notre curiosité. On se sent obligé de continuer parce qu'on veut le fin mot de l'histoire. On se pose plein de questions, surtout concernant Caliban. Qui est-il ? Un homme, une divinité, autre chose ? Et pourquoi autant de disparitions ? Notre sens de la déduction est mis à rude épreuve (le mien en tout cas l'a été).

A la moitié du livre, mon instinct m'a mis sur une piste. Je ne vous dirais pas laquelle sinon, quel intérêt de vous conseiller de le lire ? Autant que je vous raconte l'histoire directement. Il s'avère que je n'avais pas tout à fait raison, mais j'avais pas complètement tort non plus. Il aurait trop facile que l'auteur nous donne la réponse aussi facilement. Quand même, le gourou de la secte ! C'est pas n'importe qui !

Je vais quand même mettre un petit bémol à tout ça. Oui, cela ne peut pas être qu'élogieux. Il y a un personnage, un détail de la vie d'Annabelle qui n'est pas du tout élucidé et pourtant, l'auter insiste sur ce détail. Le mari d'Annabelle. On sait qu'il a disparu (désolé, je fais un peu de spoiler là), mais on ne sait pas ni comment, ni pourquoi. Et pourtant, Maxime Chattam insiste sur ce fait à plusieurs reprises. J'ai été un peu décontenancée. Je pensais avoir une réponse, ne serait-ce que minime, mais non.

Bon j'ai appris après; en lisant la bibliographie de l'auteur, qu'il avait fait un opus à ce sujet. Je lui pardonne alors.

Pareil, il a un passage au début, quand on rencontre pour la première fois Annabelle que je n'ai pas tout à fait saisi. On a l'impression qu'elle est espionnée par des ombres ou par quelque chose d'un peu mystique, mais en fait, il n'en est rien.

Malgré tout, je ne reste pas sur ma faim, tout est expliqué, tout s'emboite et cela reste un excellent livre que je trouve très cinématographique. On vit l'histoire aussi dans son esprit. D'ailleurs, je suis actuellement en train de lire un autre Maxime Chattam La théorie Gaïa, mais ça, ce sera l'objet de ma prochaine chronique.

C'est un roman noir, gore, inquiétant, décadent. Comme je les aime.

A lire pour ceux qui n'ont pas peur de sombrer...